Les Ursulines
Hier 24 juin, le Québec célébrait la St Jean Baptiste, jour de fête nationale de la nation québécoise et ce jour est bien férié , c'est à dire que quasiment tout est fermé...tout, sauf les musées.
La météo TRES pluvieuse ne nous permettant pas d'envisager une balade au bord du fleuve, nous avons opté pour la visite du musée des Ursulines...Vous venez, je vous emmène près de 350 ans en arrière...
Trois-Rivières a été fondée en 1634 par Monsieur Laviolette à la demande de Samuel de Champlain (fondateur de Québec) pour répondre au besoin des algonquins alors résidents dans cette région du fleuve.
En 1697, l'évèque de Québec mandate 3 religieuses de l'ordre des Ursulines pour fonder un monastère à Trois-Rivières afin d'y assurer les fonctions d'enseignement et celles d'hôpital en attendant que des religieuses hospitalières arrivent. La bourgade compte alors 40 cabanes en bord de fleuve.
Le Monastère est construit face au fleuve St Laurent . C'est en fait autour de ce monastère que la ville communautaire de la bourgade va se développer.
Les religieuses accueillent les malades démunis, ne pouvant pas recevoir de soin à domicile, les autochtones. L'hôpital de fortune compte 13 lits: 7 pour les hommes et 6 pour les femmes. Lorsque la demande est trop forte, la chapelle attenante à la salle de soin est réquisitionnée pour augmenter la capacité d'accueil. La fonction hospitalière "provisoire" ouverte en 1697 durera 200 ans puisque les religieuses hospitalières arrivèrent en 1897...
La fonction principale des soeurs Ursulines est celle de l'enseignement auprès des enfants des colons français mais aussi auprès des populations autochtones puisque la mission d'évangélisation est aussi présente. Au fil des années et des siècles se fonde et se développe le Collège Marie de l'Incarnation ( tourangelle fondatrice des Ursulines de Québec en 1639).
Le Collège Marie de l'Incarnation accueille aujourd'hui environ 700 élèves (du primaire au secondaire) et vient de s'ouvrir à la mixité depuis septembre 2010. Il abrite la maîtrise chorale des "Petits Chanteurs de Trois-Rivières", chorale qui participera dans quelques jours à un concert au Ground Zero à New York avec des chorales venues des 4 coins du Monde.
Jusqu'en 2007, le réfectoire de la bâtisse principale était encore en fonction. Aujourd'hui, le monastère abrite 80 religieuses qui sont encore en activité dans la communauté municipale, certaines au Collège, d'autres dans différentes associations caritatives ou de soins.
Le monastère est aussi un lieu de préservation de l'histoire de Trois-Rivières et témoin depuis plus de 350 ans des us et coutumes de la capitale de la Mauricie. Les Soeurs Ursulines ont su compulser et transmettre les traditions et savoirs-faire populaires, tels que la cordonnerie qu'elles pratiquaient, la maîtrise musicale et chorale, l'art culinaire populaire.
(je vous livrerai quelques recettes dans un autre billet...il faut bien tenir le lecteur en haleine...hihihi)
Et bien sûr, j'ai acheté le livre de 350 ans de cuisine communautaire des soeurs ursulines du Québec...
C'est ainsi que j'ai découvert que pour célébrer la St Jean, il était commun de servir aux soeurs des crêpes au repas du midi, accompagnées de mélasse, cassonade ou sucre d'érable.
Dernière curiosité de la visite: la Chapelle (malheureusement pas de photo pour des questions de conservation des peintures murales). Etonnante de gaieté, de couleurs avec une sensation d'espace, remarquable du fait de la coupole. De l'extérieur, l'austérité de la bâtisse ne laisse pas soupçonner la décoration baroque de l'intérieur.
Des messes publiques y sont dites les samedi et dimanche matin. Les soeurs ont gardé la pratique de 3 messes quotidiennes même après Vatican II, par contre elles ont été dé-cloîtrées par cette même décision papale.
Enfin, il y a la crypte que nous n'avons pas pu visiter car elle n'est pas ouverte au public. 200 religieuses y sont inhumées. Autrefois, la crypte servait à la conservation des corps , des personnes décédées pendant l'hiver qui empêchait l'enterrement puisque la terre était gelée. Les religieuses qui reposent dans la crypte sont celles décédée en hiver, leur corps n'étaient pas transférés en terre au printemps. Mais bien vite la crypte ne peut plus accueillir d'autres corps si bien que désormais toutes les défuntes reposent au cimetière du cloître.
Je ne m'étais jamais posé la question de la conservation des corps en hiver lorsqu'on ne peut pas procéder à l'enterrement. Je ne sais d'ailleurs pas quelle pratique est en cours en France dans les régions froides et enneigées l'hiver. Ici, comme depuis toujours, les corps sont conservés jusqu'au printemps.
En conclusion et pour ne pas finir cette visite sur une note macabre, je dirai que la place des religieux(ses) depuis la Nouvelle-France a permis au Canada français puis au Québec de transmettre et préserver l'apprentissage et la transmission de la langue française et du fait français en Amérique du Nord. Ici, la religion a cette place de vecteur de culture. Même si elle connaît un important déclin de son culte depuis quelques décennies, comme dans la plupart des pays dits occidentaux, elle est encore très présente dans le quotidien des québécois. Ainsi par exemple, le mariage chrétien a la même valeur administrative que le mariage civil. Le baptême des enfants reste encore très traditionnel et pratiqué, ainsi que les autres communions.
Les cloches des églises sonnent encore quotidiennement en ville même si bon nombre d'entre elles restent vides puis complètement désertées et enfin vendues. Il faut souligner que chaque quartier possède son église, lorsqu'elle est encore fréquentée, l' activité paroissiale et son association d'aide et de secours sont souvent très actives.
Ainsi donc tout ceci m'amène à relier cet épisode historique concernant les premiers pas de la Nouvelle-France avec l'ambiance traditionnelle de l'Aventure de Broderie Collective que je continue de vivre avec Louise et Brigitte, au rythme d'une case mensuelle, ou plutôt bi-mestrielle car nous avons toutes pris un peu de retard...
Je vous avais laissé en avril avec le phare et la lune...le Manoir bourgeois a fait sont apparition
...des bateaux en partance et une femme qui guette...
Mon histoire continue à prendre forme...
L'escale prochaine nous emmène vers les cabanes rouges de pêcheurs...sur quel rivage???
La suite au prochain numéro à mon retour de Vieille France...
ET PATATI ET PATATA...